Avec la transition verte et numérique, la demande de ces métaux et minéraux augmente, alors que leur rareté intensifie la concurrence mondiale. C'est pourquoi les matières premières critiques ont été identifiées comme une priorité dans l'agenda de Versailles en 2022, parmi six secteurs essentiels pour réduire les dépendances stratégiques de l'Union européenne.

Afin de sécuriser l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement, un renfort de coopération sur divers projets au sein de l’UE est inscrit à l’agenda. L’idée est d’échanger leurs données et de partager les critères de soutien applicables aux investissements conjoints dans des projets stratégiques. Découvrez dans cet article comment l’UE peut faire face à une dépendance externe face au reste du monde.
 

L’importance des matières premières critiques


Qu’est-ce qu’une matière première critique ?

Les matières premières critiques sont fondamentales pour l'industrie, constituant la base de nombreux biens et applications, tant dans la vie quotidienne que dans les technologies modernes. Elles sont indispensables au bon fonctionnement de l'économie européenne.
 

Pourquoi les matières premières sont-elles stratégiques ?

La question des matières premières critiques est indéniablement un sujet d’actualité, voici quelques unes des raisons qui rendent ces MPC indispensables :
 

  • Demande croissante liée à la transition énergétique : les batteries pour véhicules électriques et le stockage d'énergie nécessitent beaucoup plus de lithium et de cobalt d'ici 2030 et 2050.
  • Utilisation dans les technologies modernes : la demande de terres rares, indispensables pour les aimants permanents utilisés dans les véhicules électriques, robots et éoliennes, pourrait être multipliée par 10.
  • Essentielles pour l'hydrogène : un approvisionnement fiable en métaux du groupe platine est crucial pour les piles à combustible et les électrolyseurs, nécessaires à la stratégie européenne de l'hydrogène.
  • Importance pour l'avenir numérique : la demande de néodyme pour le stockage mondial des données devrait être 120 fois supérieure à celle d’aujourd’hui d'ici 2025.
  • Irremplaçables pour l'approvisionnement industriel : les matières premières, qu'elles soient primaires ou secondaires, sont essentielles et non substituables pour l'industrie.
  • Nécessité de nouvelles politiques : il est crucial de développer des politiques de recherche et d'innovation pour la substitution et la conception de produits plus durables.
  • Assurer une industrie compétitive et résiliente : pour une transition vers une économie verte et numérique, il faut garantir un approvisionnement durable en matières premières et établir des politiques à court terme pour l'indépendance énergétique et un avenir durable. 
     

Le constat actuel

L'Europe dépend fortement des importations pour les matières premières nécessaires à la fabrication de produits industriels, y compris les véhicules. La Commission européenne mène régulièrement des études sur ces matières critiques. La crise de la COVID-19 a accentué la nécessité de chaînes de valeur mieux intégrées géographiquement. Le 3 septembre 2020, elle a publié un document, « Critical Raw Materials Resilience », qui établit une nouvelle liste de matières premières critiques pour l'industrie européenne en réponse à cette dépendance et aux défis d'approvisionnement.
 

Dépendance et transition énergétique

La demande de matières premières critiques (MPC) va fortement augmenter avec la transition énergétique. Les technologies comme les éoliennes et les batteries requièrent une quantité importante de MPC. Par exemple, une voiture électrique utilise six fois plus de MPC qu'un véhicule traditionnel, et un parc éolien a besoin de deux fois plus de MPC qu'une centrale nucléaire. Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE) et la Commission européenne, la demande mondiale pour des MPC comme le cobalt, le lithium et le nickel augmentera considérablement, bien que des incertitudes subsistent en raison des politiques de décarbonation et des évolutions technologiques. Des déséquilibres entre l'offre et la demande pourraient se produire.
 

Les risques liés à cette crise des matières premières critiques

L'approvisionnement de l'UE en matières premières critiques (MPC) est sujet à des risques en raison de la concentration de l'offre et du pouvoir des fournisseurs, souvent situés hors de l'Europe (comme le cobalt en RDC, le cuivre au Chili ou le lithium en Australie). Ces risques économiques sont exacerbés par l'instabilité politique et les tensions géopolitiques dans les pays producteurs. Plus de 70 % des restrictions à l'exportation concernent les MPC, rendant l'UE vulnérable. La domination de pays géopolitiquement éloignés comme la Chine et la RDC dans la production de lithium et de cobalt pourrait aggraver les problèmes d'approvisionnement pour l'UE.
 

L'UE veut ainsi diversifier l'approvisionnement en matières premières

Consciente des risques liés à l'importation de matières premières critiques, l'UE souhaite diversifier ses sources d'approvisionnement. D'ici 2030, elle prévoit de réduire sa dépendance envers certains pays tiers pour 17 matières stratégiques. Selon la loi CMRA (Critical Raw Materials Act), l'UE limitera ses importations à 65 % maximum provenant d'un seul État. Les objectifs incluent l'extraction de 10 % de ces matières en Europe et le recyclage de 25 % dans l'UE. Actuellement, certaines matières premières, comme les terres rares pour les aimants d'éoliennes, sont presque entièrement raffinées en Chine.


Initiative de l'UE en collaboration avec les États-Unis

L'UE cherche à diversifier ses sources de matières premières en collaborant avec les États-Unis et en établissant des partenariats avec 24 pays en développement comme le Malawi et le Brésil. Elle souhaite aussi renforcer ses relations avec des pays riches en matières premières tels que la Norvège, le Canada et l'Australie.