Comment se positionne la France pour le prix de l'électricité ?

D’après une étude de Verivox réalisée à partir des données de GlobalPetrolPrices provenant de 147 pays, la France se classe au 4ème rang des pays où l'électricité est la plus chère. Au premier trimestre 2024, les ménages français payaient 28,3 centimes par kWh, un montant légèrement inférieur à celui du Royaume-Uni et de l'Allemagne, mais nettement moins élevé que celui enregistré en Italie, où le prix atteint 41 centimes par kWh, faisant ainsi de l'Italie le pays où l'électricité est la plus cher au monde.

 

L’évolution des prix : un cycle de hausse

En 2022, on a observé une augmentation de 7 % du prix de l'électricité pour les ménages français, dépassant l'augmentation des prix à la consommation (+5,2 %). Cette augmentation a cependant pu être limitée par le bouclier tarifaire mis en place. Toutefois les chiffres suivants sont sans équivoque :

  •         Comparativement, le prix de l'électricité TTC pour les ménages européens a augmenté de 14 %.
  •         Les ménages français paient leur électricité 22 % moins cher que la moyenne européenne en 2022, contre 17 % en 2021.
  •         Pour les entreprises françaises, on note une augmentation de 23,4 % du prix de l'électricité hors TVA et sans aides.
  •         Les entreprises françaises paient leur électricité 35 % moins cher que la moyenne européenne en 2022, contre 21 % en 2021.

 

Le mix énergétique français : à l’origine du prix ou bouclier structurel

Dans les secteurs des transports, de l'industrie et de la production d'électricité, la France tire profit de diverses sources d'énergie, ceci inclut le nucléaire, le pétrole et les énergies renouvelables. Ces proportions varient d'une année à l'autre, formant ce que l'on nomme le mix énergétique.

Actuellement, plus de 60 % de ce mix en France dépend encore des énergies fossiles. La France mise principalement sur le nucléaire dans sa production actuelle depuis ses 18 centrales, ce qui fait de la France le premier producteur en Europe d’énergie nucléaire. Pour respecter ses engagements climatiques, la France doit revoir son mix énergétique en substituant progressivement les sources fossiles par des solutions électriques.

La Loi Énergie-Climat de 2019 établit des mesures pour réduire la dépendance aux énergies fossiles, visant à diminuer de 40 % la consommation énergétique d'ici 2030. Ces mesures incluent la fermeture des centrales à charbon et l'expansion des énergies renouvelables, ainsi qu'une part cible de 50 % de nucléaire dans le mix énergétique. L’objectif est justement d’atteindre d’ici 2030 une production d’électricité réalisée à 40 % par des énergies renouvelables contre 20 % aujourd’hui. De plus, ceci impose des exigences de rénovation énergétique, avec notamment l'installation obligatoire de panneaux photovoltaïques dans les bâtiments tertiaires et résidentiels

 

Les objectifs du mix énergétique français au coeur de tous les secteurs : la décarbonation

Face à la part encore importante des énergies fossiles dans le mix énergétique français, des stratégies de décarbonation ont été mises en place pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2050, conformément à l'Accord de Paris de 2015 et à la stratégie nationale bas carbone (SNBC).

Selon une étude de Bpi France, cette transition énergétique et écologique vise tous les secteurs français et encourage des actions de sobriété énergétique.

Le secteur tertiaire représente 17 % de la consommation énergétique finale de la France en 2022, avec une augmentation de +0,7 %. Malgré que cela soit inférieur aux chiffres des transports (34 %) et du secteur résidentiel (28 %), la part du secteur tertiaire dans la consommation d’énergie est en croissance.

Les entreprises ont un rôle crucial dans la consommation et la demande énergétique. Leurs choix d’approvisionnement et leurs investissements dans les énergies renouvelables ou des pratiques durables influent sur la demande énergétique à grande échelle et sur les politiques énergétiques.

Il est important de considérer l'impact des entreprises participant à la production d’énergie sur l’évolution du mix énergétique. Par exemple, si le secteur du transport privilégie les biocarburants ou l’hydrogène vert, cela pourrait réduire la dépendance pétrolière de la France à long terme et rendre le secteur plus durable.

 

 

 

Perspectives sur le prix de l’électricité

Le prix de l'électricité en France est influencé par divers facteurs, et bien qu'il ne repose pas entièrement sur une politique structurelle orientée vers les énergies renouvelables, ceux-ci ont joué un rôle important dans la hausse des prix ces dernières années. La guerre en Ukraine, la lutte contre le réchauffement climatique, les prix des combustibles et diverses taxes sont autant d'exemples de ces facteurs.

La facture d'électricité se divise en trois parties :

  • ●        le coût de production
  • ●        les frais d'acheminement (transport et distribution)
  • ●        les taxes.

Les industriels ont des frais d'acheminement et des taxes moindres, mais le coût de production reste le même pour tous. Le marché de gros de l'électricité en Europe fonctionne selon le principe du « prix marginal », où le coût de la dernière centrale appelée pour satisfaire la demande détermine le prix pour toutes les autres.

Les prix de l'électricité fluctuent ainsi fortement en fonction des modes de production et des conditions météorologiques dans le cas des énergies renouvelables. Ainsi, par une journée venteuse, les éoliennes produisent de l'électricité à faible coût, tandis que par une journée sans vent, des centrales à charbon coûteuses doivent être utilisées.

La volatilité des prix du marché de gros n'affecte pas directement les consommateurs grâce aux offres à prix fermes et aux tarifs réglementés. Cependant, les prix de l'électricité sont souvent liés à ceux du gaz, car une grande partie de l'électricité européenne est produite à partir de gaz. C’est à ce niveau que la guerre en Ukraine a eu un impact : les Européens cherchent à réduire leur dépendance au gaz russe, ce qui entraîne une augmentation des prix du gaz et de l'électricité.

Tous ces facteurs rendent donc les prix de l’électricité sujets aux hausses et par conséquent le consommateur français contraint de revoir son utilisation pour éviter des factures toujours plus importantes. Dans le contexte de la transition énergétique, les prix de l'électricité représentent un enjeu crucial. Les tarifs réglementés de vente (TRV) ont connu des augmentations significatives ces dernières années, dues en partie à la hausse des taxes et des coûts d'acheminement.

En juin 2024, le prix du kilowattheure (kWh) en France est de 0.2516 € pour les particuliers au tarif réglementé d'EDF en option Base pour un compteur de puissance 6 kVA. Cependant, des mesures sont prises pour atténuer l'impact financier sur les consommateurs. Le ministre de l'Économie a annoncé une baisse prévue de 10 à 15 % de la facture d'électricité pour février 2025, grâce aux investissements dans les énergies renouvelables et à l'engagement envers l'indépendance énergétique.