La grève de la CGT aurait coûté un milliard d'euros à l'économie française

Lorsque des travailleurs entrent en grève, de nombreux non-participants peuvent également être touchés, selon le secteur d’activité. La grève de la CGT au début de l'année 2024 est un bon exemple de l'ampleur que peut prendre une lutte salariale. La  fédération CGT des Services publics a déposé un préavis de grève pour les journées du 1er au 31 janvier 2024. Cette grève a eu un impact significatif aussi bien sur le trafic des voyageurs que sur le trafic des marchandises. Ainsi, pendant plusieurs jours, plus rien ou presque n'a circulé sur les voies françaises.

D'innombrables marchandises sont restées sur le quai, au sens propre du terme, en raison de l'arrêt du trafic ferroviaire. Même les voyages d'affaires prévus et réservés en train ont dû être annulés. Bien que la lutte salariale se soit terminée un peu plus tôt que prévu, elle a probablement engendré des coûts immenses pour l'industrie et le commerce. Il n'existe certes pas de chiffres concrets à ce sujet, mais l’économiste Marc Touati estime que chaque jour ouvré équivaut à environ 10 milliards d’euros de PIB. De plus, il considère qu’une baisse d’activité de 15 à 20 %, telle que celle causée par une « grève dure », coûte à l’économie française au moins 1 milliard d’euros.

La grève est un droit garanti

Certaines entreprises sont plus durement touchées que d'autres, mais aucune ne peut s'y opposer : en France, les grèves sont un droit fondamental des travailleurs, reconnu par le préambule de la Constitution du 27 octobre 1946, alinéa 7 : « Le droit de grève s’exerce dans le cadre des lois qui le réglementent ». Néanmoins, cet alinéa renvoie au législateur le soin de définir les modalités de l’exercice légal du droit de grève.

C'est dans ce cadre qu’en janvier 2024, la CGT a organisé une grève, et les manifestations des agriculteurs ont également eu lieu peu de temps après, avec des tracteurs occupant d’importants axes routiers en France. Même les entreprises qui ne sont pas directement concernées ont dû accepter ces mouvements sociaux, car les grèves sont un droit fondamental des travailleurs, protégé par la Constitution et la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne (art. 28).
 


Un mécontentement généralisé

Au début de l'année 2024, les salariés d'autres secteurs ont également manifesté leur mécontentement, parmi lesquels les enseignants et les salariés d’EDF. Pour s’opposer aux projets de fermeture des classes et mettre en avant de nombreuses problématiques inhérentes au système éducatif national, l’intersyndicale CPGE, avec le soutien des associations, a appelé les professeurs des classes préparatoires à participer à la grève du 15 janvier 2024 et à la manifestation nationale à Paris. Notons par ailleurs, l’appel à la grève nationale lancé par l’intersyndicale EDF pour la journée du 30 janvier 2024, mettant principalement en cause la question des salaires.

Dans ce contexte de mécontentement généralisé, nous savons d’ores et déjà que d’autres grèves auront lieu dans les mois à venir et il n’est pas improbable que les JO de Paris pâtissent de la situation.

Grève de la CGT et autres : quelles solutions ?

Les grandes grèves affectent de nombreuses entreprises : souvent de manière indirecte, mais néanmoins massive. Dans ces conditions, comment atténuer les conséquences des grèves ? Il est difficile de prévoir à long terme quand et où les grèves se produiront. Mais il est clair que le risque est particulièrement élevé lors des négociations collectives. La gestion des risques devrait donc au moins tenir compte des négociations salariales périodiques. De même, il est préférable de ne pas perdre de vue la situation économique locale, nationale et mondiale. Cela ne permet pas d'éviter les crises, surtout à l'échelle mondiale, mais de les détecter à temps.

Ce point est particulièrement important pour les secteurs dont les chaînes d'approvisionnement sont généralement longues et multinationales. Celles-ci peuvent être très sensibles aux conflits ou aux grèves dans d'autres pays. C'est ce que montrent des événements comme la pandémie de coronavirus ou la guerre en Ukraine et d'autres foyers de crise. Il est donc judicieux d'avoir plusieurs fournisseurs dans son portefeuille. Si l'un d'entre eux fait défaut, un autre peut le remplacer.

Parallèlement, il faut veiller à réduire au maximum le nombre de parties prenantes dans une chaîne d'approvisionnement. Cela augmente certes la dépendance vis-à-vis de certains acteurs, mais rend la chaîne d'approvisionnement plus claire. Il devient alors plus facile de localiser les perturbations et d'y remédier ou du moins de les atténuer.

Les trajets doivent également être aussi courts que possible. Plus les fournisseurs et les clients sont proches, plus il est possible d'opter pour des moyens et des itinéraires de transport alternatifs. Si le train ne circule pas, une entreprise de transport routier peut peut-être prendre en charge temporairement les livraisons. Il faut également envisager des solutions de rechange pour les avions et les bateaux. Dans ce cas, il convient de s'informer suffisamment tôt et de prévoir au moins un remplacement potentiel.

Plus la gestion des risques s'adapte aux grèves, plus les entreprises peuvent réagir de manière résiliente. Les contre-mesures ont toutefois leurs limites. Si une grève dure très longtemps ou a un impact généralisé, il devient chaque jour plus difficile d'en absorber les conséquences.