Le protectionnisme aujourd’hui : entre tensions et réticences

Le libre-échange est souvent considéré comme la pierre angulaire des relations économiques internationales. Pourtant, ces dernières années, différents facteurs ont conduit à une augmentation significative des obstacles au commerce sur la scène mondiale.

Le commerce international est largement marqué en 2024 par une montée du protectionnisme, exacerbée par les tensions entre les États-Unis et la Chine, l'incertitude européenne face à l'Inflation Reduction Act (IRA) américain, et les interdictions d'importation en Inde. La guerre en Ukraine perturbe également l'approvisionnement en céréales et le transport maritime.

Parallèlement, l'Organisation mondiale du commerce (OMC), affaiblie par le retrait américain sous Trump, observe ces événements avec inquiétude. Les mesures protectionnistes américaines, visant à freiner l'innovation chinoise, entraînent une augmentation des coûts de production et une diminution de l'emploi aux États-Unis.

En outre, la course à la production de matériels pour la transition écologique intensifie les besoins d'adaptation, avec des pays comme l'Indonésie imposant des interdictions d'exportation sur des matières premières stratégiques. Certains pays, tels que le Vietnam, bénéficient du changement de direction du commerce chinois. Cependant, à long terme, les politiques industrielles occidentales visant à réduire la dépendance aux produits chinois prendront des années à porter leurs fruits. Dans ce contexte, la sécurité nationale continue de jouer un rôle prépondérant dans les échanges commerciaux.
 

Trouver des solutions au niveau politique

La plupart des obstacles au commerce reposent sur des motifs politiques. Certains pays ou régions cherchent généralement à soutenir leurs entreprises nationales dans la concurrence mondiale. Pour cela, ils utilisent aussi bien des obstacles tarifaires au commerce (par exemple des droits de douane à l'importation, des prix minimums pour les marchandises étrangères, des subventions publiques) que des barrières non tarifaires (quotas d'importation ou contingents commerciaux).

De telles mesures s’appuient sur des règles et des normes qui désavantagent les entreprises étrangères, les contraignant à consentir d'importantes dépenses en temps et en argent pour se conformer.  C'est pourquoi leurs biens et services sont plus chers et donc moins compétitifs.

Des solutions à l’échelle mondiale ne pourront être trouvées que via une politique économique et commerciale française et européenne engagée. C'est aux gouvernements qu'il incombe d'œuvrer ensemble pour promouvoir l'augmentation de la liberté des échanges bilatéraux et multilatéraux de biens et de services. Ceci peut être réalisé par exemple par le biais d'accords commerciaux et de partenariats stratégiques.
 

Quelles sont les possibilités pour les entreprises ?

Les entreprises présentes à l'étranger peuvent faire pression sur les acteurs politiques par le biais de leurs syndicats, de leurs représentants ou de leurs activités de lobbying, afin d'obtenir la suppression des entraves au commerce. Toutefois, elles ont rarement la possibilité d’exercer une influence directe et doivent donc s'adapter autant que possible à la situation existante. À cette fin, elles disposent de trois moyens principaux.
 

Comprendre les règles et les réglementations

Étant donné la vitesse à laquelle les réglementations internationales évoluent, de nombreuses entreprises éprouvent des difficultés à identifier les changements récents et à venir, ainsi que pour en mesurer l'impact sur leurs activités.

Par ailleurs, beaucoup ne tirent pas pleinement parti des accords commerciaux existants. D'après l'OMC, près de 400 accords commerciaux régionaux existent actuellement. Pourtant, il arrive souvent que les entreprises n'en exploitent pas tous les avantages de manière optimale.

Or, une meilleure compréhension des règles et des préférences définies dans ces accords commerciaux donne aux entreprises la possibilité d'optimiser leurs chaînes d'approvisionnement, de minimiser les droits de douane sur les marchandises importées et d'améliorer ainsi leur compétitivité sur les marchés internationaux. Ce constat vaut également pour la gestion du niveau de responsabilité et la réduction des risques liés à la conformité commerciale.
 

Collecter des données, instaurer la transparence

Réunir et gérer le volume considérable de données et d'informations générées par des chaînes d'approvisionnement complexes est un défi fréquent pour les entreprises. Un des principaux obstacles est le manque de visibilité en temps réel : peu d'entreprises disposent d'une visibilité de bout en bout de leur chaîne d'approvisionnement.

Si les entreprises trouvent une solution à ce casse-tête, elles obtiendront une transparence et une traçabilité accrues et seront en mesure de prouver plus facilement leur conformité aux réglementations pertinentes en matière de chaîne d'approvisionnement. Elles pourront également identifier les risques à un stade précoce et prendre des mesures efficaces avant d'enfreindre les règles en vigueur. Les systèmes de suivi, d'évaluation et de reporting en temps réel rendent cela possible. Ils permettent d'obtenir une visibilité totale de bout en bout, une analyse complète et une gestion proactive.

 


Construire des partenariats solides

Choisir un partenaire pour un engagement commun en vue de respecter les règles et les réglementations est une première étape. Les bons partenaires pour la chaîne d'approvisionnement comprennent déjà les exigences et les obligations réglementaires d'un environnement de marché. Ils peuvent fournir des conseils et une assistance pour veiller à la conformité. Pour une entreprise opérant à l'échelle mondiale, il est idéal de collaborer avec des partenaires possédant une solide connaissance locale et des partenariats bien établis, afin de bénéficier de leur expertise au service de sa propre compétitivité.